Friday, May 21, 2010

Jacques Bertin - Je suis celui qui court


Celle-ci restera la plus intime, la plus personnelle, une merveille.

Translated to English here

Je suis celui qui court auprès de toi lorsque tu glisses dans les herbes
Tu le sens mais ne le vois pas, tu fuis tu l'entends respirer
Et les branches des arbres sont les oreilles des journées
Quand l'eau te couvre de baisers

Quand tu viens dans la terre humide et chaude ta tendresse
Je suis celui qui vient avec sa main pour te sècher
Et tu baisses ta tête, son épaule est un panier

Je suis celui qui te connait quand tu fuis jusqu'au bout du monde
Et tu reviens toujours chez lui il ne sait pas que tu es là
Et tu es derrière l'armoire tu le vois tu es dans l'ombre
Et il respire lourdement il ne sait pas que tu es là
Or sais-tu s'il est là quand tu te caches et tu le guettes
Il est sorti et la porte sur le jardin n'a pas grincé
Son corps est penché sur la table, il est malade de papiers

Il est malade de soleil, il est sous le midi des mondes
Il est comme traînant au sol, la tige de l'été cassée
La sève coule et il entends comme un bourdonnement de nombre
Il est taché de vin dans des débris de table renversée
Il est en deça de son corps et dans la nappe déchirée
Il est à genoux sur la terre il a tout ses doigts écrasés
Et les ruades du soleil lui ont fait éclaté le ventre
Fou de douleur il griffe, hurle et là transpercé
Il est comme le vent dans les marais qui va crever
et qui a des filets de sang et qui se cache et qui se berce
Qui se cherche et qui s'ignore et se sépare et se connait

Oh mon amour qui peut dire qu'il se connait nous sommes
Toute choses qui se cherche et qui s'ignore et se connait
Et nul n'aura prise sur nous sur notre amour sur l'inquiétude
Nous sommes comme l'air et le vent, la chair à la chair liée
Qui n'est jamais son corps vraiment, toujours avant, toujours peut-être
Tout deux toujours ensemble et ne jamais jamais nous rencontrer
Dans l'eau notre jeunesse lisse à la surface viens poser
Un souffle qui est notre amour et nous ne parlerons jamais.

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