Tuesday, September 28, 2010

Jacques Bertin - Je parle pour celui qui a manqué le train


paroles non officielles

Translated to English here.

Je parle pour celui qui a manqué le train
et qui reste tout seul sur le quai, il s'en moque
Toulouse, éternité, soixante années de train
Qu'est-ce que c'est que ce ticket qu'on m'a mis dans la main

Je parle pour celui qui a manqué le train
Il s'en voudrait de s'embarquer dans ce voyage
et de vivre il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne
Dans le wagon de joie de vivre des premières et il s'en fout

Ce train sent la sueur, les femmes qui rigolent
Les cris d'enfants, la gueule rasée des officiers
Le regard suffisant des femmes engrossées
Les causes, les drapeaux, le bon marché, la révolte

C'est un matin très gris, très beau d'une province
Tu vas dans le silence des étals et des balcons
Tu marches dans la rue tu t'en fous, tu te moques
De toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va
Ce serait chouette de partir tout seul pour un voyage
La vie rêvée, la mort qui tremble de parfums
Et dans le paradis sans bruit, comme une enfance
Où s'en vont les linges de femmes paraît-il

Tuesday, September 21, 2010

Jacques Bertin - Les Anglais bombardaient les ponts


Translated to English here.

Paroles non officielles.

Les Anglais bombardaient les ponts
C'était les noces de mon père
Le bal les cris les vendanges c'était la guerre
La nuit de noces à pieds fourbu très tard chez une tante de curé

Mon père qui n'allait jamais
verser les filles dans les vignes
Qui regarde ma mère et tout ce temps passé
Ta paille qui s'en va dans le courant de Loire Jusqu'aux ponts de Cé

Mon père prépare les plans
Ma mère prétends qu'il est fou
d'une maison encore plus près du soleil
Ta mère y sera bien sur son tricot dans un jardin très beau, très doux.

Mais je n'aime pas le tricot.
Ma mère parle des enfants
Elle dit des mots sur l'amour et sur le temps
Comme un verre fêlé et qui sourit et vivre ça dure longtemps

Vieux père tu penses à ton fils
avec qui tu parles des femmes
Ta soeur elle ferait bien de prendre un amant
Dieu lui pardonnera la fleur dans l'oeil. Il ne faut rien dire à maman

Allez l'église du bon dieu est trop petite maintenant
trop de silence dans les cartons de maman
Deux nuits de veille on fera en deux fois le prochain déménagement

Ce sera un matin d'automne
et de la pluie sur les jardins
Je serai quelque part vers Bordeaux dans un train
Avec des inconnus je parle et je ne serai pas chez nous demain

Tu es dans ton auto tu songes,
ton père est seul au rendez-vous
La lumière du jour est blême tout d'un coup
de ta vie tu as honte, un coup de téléphone et ce n'est pas beaucoup

Ton père est très loin de sa voie,
il marche seul et on lui parle
Il pense à des photos où son fils était là
Mon fils il dit qu'il ne croit pas en Dieu mais le visage de maman

Et le père dit donc au bon dieu,
pour une fois je veux bien
et si c'est de ta part s'il vient je ne dis rien
Qu'il me donne discrètement quelques nouvelles fraiches de maman

C'est une nuit d'hiver très tard
il pleut dehors l'hotel est vide
le veilleur de nuit à un sourire très doux
Il dit ma mère lui prête son châle et quelle chambre voulez vous?

Thursday, September 9, 2010

Jacques Bertin - Ne Parlez pas


Paroles non officielles
Translated to english here.
Ne parlez pas de pays inconnus
Ne parlez pas de vivre une autre vie
Ne vous hissez pas sur vos pieds pour voir un autre monde
Il y a ce collet à chaque geste, il vous étrangle

Parlez de la douleur de ce pays amer
Où les corbeaux surveillent la semence
Apprenez vous à vivre dos cloué
Ce couteau qui vous blesse vous soit une traine

Habituez vos yeux à une haine puissante
Pareil aux armes dans les greniers entassés
Immobiles dessous les caisses défoncées
Une haine comme une femme nue froide et superbe

Une haine tenace et bleue, une lumière
Une force, une eau vive, un train jeté au sud
Une haine attentive et sûre d'elle
Une haine qui sait écouter, retenir, qui sait attendre

La haine soit pour ceux qui se font les complices des corbeaux
Ceux qui possèdent la parole et qui la vendent
Les futiles et les faiseurs, les amuseurs et leurs chansons
Ceux qui mettent des fleurs à vos chaînes, ceux qui vous flattent

Ecoutez ! la nuit parle, la nuit bat
Des poissons d'eau, des peurs, des pleurs, des fleurs inverses
Ecoutez votre vie est ici ouverte en deux, elle gémit tout bas
Mettez la nuque sur la route et retenez votre épouvante

Parlez pour vos amis, assis en rond
Parlez pour ceux qui roulent dans la nuit
Parlez comme si le monde entier était ici
Réunis sous vos paupières comme devant l'âtre

Parlez pour moi, dites moi le nom de la peine
Ce sanglot qui humecte les fenêtres des cités
Dites moi l'escalier sans fin et la colère
Dites moi votre nom, votre prénom et qui vous aime

Et ce chant muselé par les radios bavardes
Il brille au fond de nos poches comme un canif
Il suinte sur les murs, il bleuit les lézardes
Le chant muselé, le chant toujours, le chant des hommes

Il nous parle de nous, il nous donne nos armes
Il affute les grilles, il ouvre les couteaux
On l'entends c'est le bruit des pas dans les couloirs du métro
C'est la respiration lamentable de l'aube dans les gares

Ce chant comme un dimanche au sortir des églises
Le vent dans les jupes des filles soulevées
La haine avec l'amour mêlé, le chant ressuscité
Il nous porte en avant de nous, il attend, il exulte

Il te parle dans ton oreille penchée
Tu lui réponds et ton cœur bat comme un tambour
Les mots vont dans les vaisseaux carmins de la terre
Un bras sur ton bras est posé qui dit "Écoute"