Wednesday, October 23, 2013

Dominique A & Françoiz Breut - Au Twenty-Two Bar



Au twenty-two bar on dansait, on dansait
C'était plutôt inhabituel
Alors bien sur j'en profitais
De bras en bras les gens passaient
Ça n'était
Qu'un temps court pour se relancer
Et puis se remettre à danser

Parfois j'entendais
Quelqu'un m'appeler
Personne
Quand je me tournais

Au twenty-two bar ce soir-là, on dansait
Je ne sais plus pourquoi c'était, non...
Pas plus que les gens qui dansaient
Si par hasard ils s'arrêtaient
Ils sentaient
De vieux décors se balancer
Plusieurs fois manquaient de tomber
Et du coup de bras en bras ils repassaient
Alors on se laissait aller
Au twenty-two bar ce soir-là

Parfois j'entendais
Quelqu'un m'appeler
Personne
Quand je me tournais

Au twenty-two bar ce soir-là, on dansait
A chaque fois que je le voyais
Je l'appelais puis me cachais
Après tout ce qu'il m'avait fait
J'attendais
Le bon moment pour l'aborder
Et sentir son sang se glacer
Mais comme vraiment rien ne pressait
Ne pressait
Pour l'heure je le laissais filer
Bientôt je le ferai danser...

Monday, October 21, 2013

Léo Ferré - Rimbaud - Les poètes de sept ans



Translated to English here.

Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et très fière, sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.
Tout le jour il suait d'obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe,
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
À se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son œoeil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, œil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots !
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, — qui ment !

À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rives, savanes ! — Il s'aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'œil brun, folle, en robes d'indiennes,
— Huit ans, — la fille des ouvriers d'à côté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons ;
— Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.

Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
Des rêves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcôve.
Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
— Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor !

Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulements, déroutes et pitié !
— Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, — seul, et couché sur des pièces de toile
Écrue, et pressentant violemment la voile !

Saturday, October 19, 2013

Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit

Un titre magistral, une première partie fantastique jouissive pleine de cynisme, d'ironie, d'humour avec une écriture énergique. Mais plus on avance, plus le livre se répète, moins on est surpris, plus on attends la fin, une fin qui traîne et au final n'a pas grand chose à dire. Quelques passages tendancieux soit par désir de choquer ou par envie de refléter un monde laid et sans illusion au lecteur. Bref une lecture en demi teinte, spéciale. Pas décevante mais pas non plus convaincante.
Citations:

"On est puceau de l'horreur comme on l'est de la volupté"
"Il avait l'air de promener sur son uniforme tout l'or de ses financiers"
"Elle ne faisait que divaguer de bonheur et d'optimisme, comme tous les gens qui sont du bon côté de la vie, celui des privilèges, de la santé, de la sécurité et qui en ont encore pour longtemps à vivre"
"N'importe quoi dans la vanité c'est mieux que rien"
"J'étais devant les faits bien assuré de mon néant individuel"
"C'est peut-être cela qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir"
"Les choses auxquelles on tenait le plus vous vous décidez un jour à en parler de moins en moins avec effort quand il faut s'y mettre. On en a bien marre de s'écouter toujours causer...on abrège...on renonce...ça dure depuis trente ans qu'on cause...on ne tient plus à avoir raison. L'envie vous lâche de garder la petite place qu'on s'était réservée parmi les plaisirs... on se dégoûte"
"Nous effectuions comme des progrès de poésie rien qu'à l'admirer d'être tellement belle et tellement plus inconsciente que nous. Le rythme de sa vie jaillissait d'autres sources que les nôtres."

Friday, October 11, 2013

Townes Van Zandt - (Quicksilver Daydreams Of) Maria


Well, the diamonds fades quickly when matched to the face of Maria
All the harps they sound empty when she lifts her lips to the sky
the brown of her skin makes her hair seem a soft golden rainfall
that spills from the mountains to the bottomless depths of her eyes

Well, she stands all around me her hands slowly sifting the sunshine
all the laughter that linger down deep 'neath her smilin' is free
Well, it spins and it twirls like a hummingbird lost in the morning
and caresses the south wind and silently sails to the sea

Ah, the sculpter stands stricken and the artist he throws away his brushes
when her image comes dancin' the sun she turns sullen with shame
And the birds they go silent the wind stops his sad mournful singing
when the trees of the forest start gently to whisper'in her name

So as softly she wanders I'll desperately follow her footsteps
and I'll chase after shadows that offer a trace of her sight
Ah, they promise eternally that she lays hidden within them
but I find they've decieved me and sadly I bid them goodbye

So the serpent slide softly away with these moments of laughter
and the old washy woman has finish her cleanin' and gone
but the bamboo hang heavy in the bondage of quicksilver daydreams
and a lonely child longingly looks for a place to belong

Saturday, October 5, 2013

Monique Morelli - Aragon/Ferré - Elsa



Translated to English here.

Suffit-il donc que tu paraisses
De l'air que te fait rattachant
Tes cheveux ce geste touchant
Que je renaisse et reconnaisse
Un monde habité par le chant
Elsa mon amour ma jeunesse

O forte et douce comme un vin
Pareille au soleil des fenêtres
Tu me rends la caresse d'être
Tu me rends la soif et la faim
De vivre encore et de connaître
Notre histoire jusqu'à la fin

C'est miracle que d'être ensemble
Que la lumière sur ta joue
Qu'autour de toi le vent joue
Toujours si je te vois je tremble
Comme à son premier rendez-vous
Un jeune homme qui me ressemble

Pour la première fois ta bouche
Pour la première fois ta voix
D'une aile à la cime des bois
L'arbre frémit jusqu'à la souche
C'est toujours la première fois
Quand ta robe en passant me touche

Ma vie en vérité commence
Le jour où je t'ai rencontrée
Toi dont les bras ont su barrer
Sa route atroce à ma démence
Et qui m'as montré la contrée
Que la bonté seule ensemence

Tu vins au coeur du désarroi
Pour chasser les mauvaises fièvres
Et j'ai flambé comme un genièvre
À la Noël entre tes doigts
Je suis né vraiment de ta lèvre
Ma vie est à partir de toi