Friday, December 9, 2011

Jacques Bertin - Menace

Une chanson terrible, à mes yeux, prophétique.

Translated to English here.


Paroles non officielles:

Dans un bureau conditionné peut-être il y'aura eu
une défaillance dans le calcul du compte des denrées
ou une maladie balancée dans la chaîne alimentaire
par un comptable sans pouvoir.

Il suffira d'une avarie presque minime ou que se casse
une extrêmement flexible tige ou un miroir.
Il suffira d'un signe dans le ciel, un oiseau immobile
ou trois fois rien de différent dans l'intime de l'air.

Ce sera vers midi, il se fera un grand silence
et tout de suite on entendra un cri de femme long
comme sortis d'une voiture accidentée dans un décor de pluie.
On vous aura annoncé votre mort à la télévision.

Il sera aussitôt et simplement trop tard,
trop tard pour tout, pour la colère et pour le cri,
trop tard pour la fuite et trop tard pour la révolte,
trop tard pour le dernier bateau et pour la lutte et pour la vie.

La lumière s'éteints partout, les téléphones sonnent.
Il souffle un joli vent vénéneux dans les hôpitaux déserts.
Vous vous trouvez atteints par grappes et vous mourrez.
Une réaction incontrôlable propage un gaz dans le ciel vert.

La misère lève son mufle vous vous jetez sur les routes.
Pour la grande scène de l'exode qui cette fois finira mal.
Il n'y a plus de refuge au bout de la route, plus de route,
plus de sens de la marche, plus de marche à suivre, plus de sens.

Ah vous allez de plus en plus vite certainement
à Lyon ou à New York dans de grand avions impassibles
que lancent depuis des chapelles aseptiques des voies fabriquées.
La misère vous la visitez en club dans des pays exotiques.

Dans les appartements bourgeois qui ont l'allure des scènes de théâtres
où tout passe par le filtre du velours et de la convention.
On manie l'argenterie, le mot d'esprit, le capital,
et le concept et surtout sans jamais presque hausser le ton.

La bourgeoisie régnant papier crépon sur son royaume.
Sûre d'elle-même de sa technologie, de ses oreilles de coton
On ne sait pas trop où l'on va mais qu'importe
quand on accroche sur le rôle on improvise et à dieu vat!

Les mots sont vides que vous récitez. Le théâtre
donne dans les gréements sur le ciel par en haut.
C'est une sorte de bateau fantôme qui a dans ses cales
quelques petits milliards de nègres qui ont peur.

Monde factice. O monde sans raison monde fragile!
O qui vit follement de sa fragilité!
Qui trouve dans sa fuite un certain relatif équilibre
et l'abîme comme un ventre attire les fous qui vont s'y damner.

Monde captif. O monde sans amour monde fragile!
Brave gens qui vous êtes laissez draîner.
Je veux répandre la terreur comme une marée patiente.
Il reste peu de temps pour sauver le monde et vous sauver.

Il reste peu de temps pour la sainte colère.
Je vous vois comme un cheval aux jambes brisées,
les yeux fous, qui cherche à se lever, qui cherche une aide
dans le ciel vide, autour de lui qui tourne et dans sa tête empalée.

Peuple Ah vous ne croyez plus beaucoup à l'amour ni à l'insolence.
Si je dis peuple pourquoi derrière vous vous vous tournez?
Quel est celui que par ce vocable suranné je désigne?
La révolte vous semble affaire de maniaques ou d'enfants gâtés,

mais il y'a comme une sale maladie dans la joie,
comme une crise de confiance en la qualité de l'eau du robinet.
Peut-être que les fruits du coeur sont traités il y'aura toujours un doute.
Tout d'un coup le soupçon s'installe et vous voilà parcouru par la frousse.

Terreur je veux, Terreur je veux répandre,
comme un apport de sang dans l'organisme fatigué.
Guerre sainte partout on vous avait confié des armes
Qu'en avez vous fait? Souvenez-vous, qu'en avez fait?

Dites qu'avez vous fait de la parole qui est une braise ardente?
On la prends à pleine main. On porte le feu.
Dans les terres épuisées, dans les mauvaises blessures,
dans les mauvais sommeils ou sur les yeux des gens qu'on veut aimer.

Je vais porter la guerre dans les journaux chez le vieil humanisme,
las, qui s'avachit dans l'eau stagnante des chroniques et des marais.
Des petits féodaux, le parapet vous n'y passez surtout jamais la tête
On trahit gentiment derrière les sacs du courrier des lecteurs entassés.

Il nous faut des porteur de paroles avec des chenilles d'acier dans la tête
pour conduire dans les vallées ce peuple hagard de jeunes gens.
Dieu les protège et Dieu les guide et Dieu les aime
Ils ont foyé le vieux monde corrompu d'un buisson brûlant.

Parole, pour porter des coups parce qu'il est grand temps, parole.
La vérité, la vérité comme si la vie en dépendait.
Parole, pour ouvrir un territoire avec des blessures fertiles.
O parole! Avant que ne s'avance la saison.

Demain, il y'a un virus fabriqué par hasard.
Des bateaux qui n'arrivent plus.
Une ampoule qui claque à la régie finale.
Une bombe de trop dans le magma central.

Je vous dis qu'il est temps.
Ce monde est dans ce carnet qu'on referme.
D'un geste las et qu'on écrase comme un coeur.
Regardez s'envoler votre dernier bel avion magnifique.

Il s'en va errer dans la banlieue des "pourquoi comment".
Ce monde on l'oubliera dites-vous bien très vite.
Comme dans un éphéméride un chiffre parmi cent.
Ce monde n'est déjà rien de plus qu'un graphisme misérable.

Dans quoi l'oeil et la raison cherchent ce qu'on pouvait y trouver.
Maintenant que le livre se ferme sentez ce vide capital.
Le ciel est désert. La terre bruit de cri désaccordés.
Que se lèvent ici ceux qui ont de l'esprit pionnier dans la tête.
Il va falloir dès ce soir tout recommencer.

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